L'histoire de Prague
Comme le reste de la Bohême, Prague est tout d'abord habitée par des Celtes (les Boïens), qui arrivèrent ici en 200 avant JC environ. Ils furent successivement remplacés par les Marcomans, une tribu germanique, ensuite par les Avars, puis les Slaves au VIe siècle.
La légende dit que la ville a été fondée par la princesse Libuše et son mari Přemysl.
Les fouilles archéologiques ont révélé qu'au IXe siècle des êtres humains se sont installés sur les hauteurs de Vyšehrad et sur celles du futur Château de Prague. De par sa position géographique, Prague se développe rapidement et devient la capitale du duché des Přemyslides.
La Bohême est incorporée à partir de 962 au Saint-Empire romain germanique.
Sous Vladislav II, le premier pont sur la Vltava est construit en 1170. Il s'agit du pont de Judith. Il a été construit en bois. Après s'être écroulé lors de la fonte des neiges en 1342, il est remplacé en 1357 par un pont de pierre, le célèbre pont Charles.
En 1257, Otakar II fonde le quartier de Malá Strana. C'est ici que la communauté allemande vécut et s'autoadministra. Sur l'autre rive de la Vltava se développe la Vieille Ville de Prague. C'est là que se trouve le noyau historique de Prague (Týn). Les Tchèques et la communauté juive s'y installent.
Charles IV du Saint-Empire, prince énergique, transforme radicalement la ville de Prague, et cela avant même de devenir empereur. En 1344, Prague devient archevêché. C'est la raison pour laquelle la Cathédrale Saint-Guy de Prague est reconstruite en style gothique et pour cela aussi que la Nouvelle-Ville de Prague est construite en 1347, doublant ainsi la superficie de la Vieille-Ville.
L'Université Charles de Prague est fondée en 1348. Il s'agit de la première université d'Europe centrale et de la première université allemande. Son premier recteur fut le réformateur Jan Hus.
En 1355, Charles IV déclare Prague capitale du Saint-Empire romain germanique. Prague est alors la troisième ville la plus peuplée d'Europe. C'est un centre culturel et religieux de première importance en Europe.
La Réforme commence ici avec Jan Hus, réformateur, qui prêcha contre les abus de l'Eglise catholique. Il fut fait prisonnier et fut brulé vif en 1415 lors du Concile de Constance. Ceci provoqua de fortes réactions dans le royaume. Son exécution restera un des symboles de l'indépendance des Tchèques, et cela vis-à-vis de tous les pouvoirs.
Le règne des Habsbourg
Au début du XVIe siècle, Prague rayonne et le gothique flamboyant émerge.
En 1526, les Habsbourg autrichiens, catholiques, s'emparent de la Bohême, sur laquelle ils règneront pendant quatre cents ans. Le nouveau souverain entreprit la reconversion au catholicisme de cette région à majorité protestante.
La guerre de Trente Ans (1618-1648)
En 1618, la guerre est déclenchée entre la noblesse tchèque, largement protestante, et le pouvoir impérial catholique des Habsbourg. Au niveau européen, ce fut le début de la guerre de Trente Ans. La bataille de la Montagne Blanche, le 8 novembre 1620 près de Prague, opposa les protestants (mercenaires allemands et hongrois) au Saint Empire et aux catholiques. Les catholiques sortirent vainceur et les 27 meneurs protestants de la révolte furent exécutés place de la Vieille-Ville le 21 juin 1621. C'est la date la plus dramatique du pays, car les Tchèques y perdirent leur autonomie et ce n'est que trois siècles plus tard qu'ils récupéreront leur indépendance...
Ce fut la Contre-Réforme. Les Habsbourg imposèrent le catholicisme par la force. Les Tchèques protestants furent contraints de se convertir ou de s'exiler. Ferdinand II imposa la germanisation de l'enseignement et de l'administration.
En 1648, le traité de Westphalie fut signé et mit fin aux hostilites en Europe.
Un siècle de paix s'ensuit, pendant lequel des chefs-d'œuvre baroques sont édifiés, entre autres l'église Saint-Nicolas de Malá Strana, les palais Kinský et Šternberk, et l'archevêché de Prague.
La Naissance de Prague
C'est le 12 février 1784 que Prague nait officiellement de la fusion des quatre villes d'origine :
- Hradčany, le quartier « noble » autour du Château de Prague
- Malá Strana, le « Petit-Côté », se trouvant entre Hradčany et la Vltava
- la Vieille Ville de Prague
- la Nouvelle Ville de Prague, créée en 1348
Josefov, le ghetto juif au sein même de la Vieille Ville conserve encore un statut séparé et autonome.
La rivalité entre les communautés de Prague, Tchèques, Allemands et Juifs, marque l'architecture de la ville : entre autres le Théâtre national tchèque et le Neuer Deutscher Theater; la Galerie nationale et ses collections de la noblesse pro-allemande de Bohême et le Musée patriotique de Bohême.
L'indépendance de la République
Le 28 octobre 1918, la fin de la Première Guerre mondiale marque le démantelement de l'empire austro-hongrois et l'indépendance de la Tchécoslovaquie.
Entre 1918 et 1938, la ville de Prague est considerablément modernisée et aggrandie. Les faubourgs sont inclus dans la ville, de nombreux théâtres voient le jour, les aéroports de Kbely et celui de Praha-Ruzyně sont construits et mis en route, la place Venceslas est refaite, la cathédrale Saint-Guy est achevée en 1929.
Les nazis à Prague (1939-1945)
Les accords de Munich de septembre 1938 marquent la fin l'indépendance du pays. Les nazis l'envahirent en mars 1939. La communauté juive de Prague perdit les trois quarts de ses membres.
Les Soviétiques entrèrent à Prague le 9 mai 1945 après le soulèvement de la ville.
Le coup de Prague
Jusqu'au début de l'année 1948, le parti communiste et le parti social-démocrate gouvernèrent le pays ensemble. En février 1948, une crise politique éclata suite à laquelle les ministres sociaux-démocrates démissionnèrent en signe de protestation. Le parti communiste organisa alors des manifestations dans les rues et une grève générale dans le but de remplacer les ministres sociaux-démocrates par des ministres communistes. Ce fut le coup de Prague. Des élections suivirent, qui elles, renversèrent la situation. Le changement de régime eut donc lieu par une élection régulière.
Le Printemps de Prague
Dans un contexte international de guerre froide, c'est un régime stalinien, qui régna sur le pays.
Dans les années 1960, des réformes économiques étaient devenues urgentes. Le 5 janvier 1968, le Slovaque Alexandre Dubček prend le pouvoir. Le peuple se sent enfin libre, la censure disparaît, les gens ont retrouvé le droit de s'exprimer. C'est le Printemps de Prague.
Par peur que la même chose ne se produise dans le bloc de l'Est, Leonid Brejnev mit fin à cela par une intervention armée le 21 août 1968. Dubček et ses ministres furent emmenés par la force à Moscou où ils furent obligés d'annuler les réformes qu'ils avaient introduites.
La Révolution de Velours
Suite au nouveau régime en place, n'ayant plus les moyens de s'exprimer, beaucoup d'intellectuels, d'écrivains et de régisseurs de films quittèrent le pays. D'autres, n'ayant plus le droit d'exercer leur métiers, acceptèrent un travail disqualifié, et un nombre impressionnant d'étudiants fut envoyé dans les mines d'uranium.
En janvier 1969, pour protester contre l'occupation soviétique, un étudiant, Jan Palach, se brûla vif sur la place Venceslas. Il fut suivi d'un second étudiant en février de la même année, Jan Zajic. Ils devinrent symboles de la résistance.
En 1977, un groupe se forma, dont Václav Havel, qui dénonça toutes les injustices, lutta pour les libertés fondamentales, et publia la Charte 77. Plusieurs membres de ce groupe furent arrêtés. Havel resta en prison pendant plus de 4 ans puis subit deux autres incarcérations.
Toute l'Europe de l'Est vécut une période de bouleversement. Celui-ci atteint également la Tchécoslovaquie. Le gouvernement en place perdit progressivement son pouvoir et fut incapable de contrer les manifestations pacifiques organisées par la population. Tout cela se passa sans affrontement et sans effusion de sang. C'est la Révolution de Velours.
Et finalement, Havel sortit de prison et fut élu Président ! Et Dubček devint président de l'Assemblée Nationale. Cela se passa à la fin 1989.